mardi 19 novembre 2019

Le Lièvre et la Tortue


















En Afrique du sud depuis une dizaine de jours. Cet article commence à mon départ du canyon (article précédent) et se termine à Cerderberg (Ci-dessus). J'ai partagé une petite partie de mon voyage avec Abdhu, cyclovoyageur marocain rencontré à la frontière namibienne. Nous avons passé environ une semaine ensemble avant de poursuivre chacun de notre côté, j'expliquerai pourquoi par la suite.




















Je pars du Canyon dans l'après midi pour trouver un endroit pour camper, assez facile dans cette zone désertique. Le lendemain, je me réveille et regarde l'eau qu'il me reste (environ 1L) et 90 km avant la prochaine ville. Je déjeune tranquillement et entends le moteur d'un bus, je cours vers lui bouteilles à la main et lui demande de l'eau. Il me regarde bizarrement et me dit:
- Tu vis dans le désert??

J'ai pas su quoi répondre mais j'ai bien rigolé!!





















La frontière entre la Namibie est l'Orange River, j'ai trouvé un camping calme au bord de cette rivière pour deux jours. Je prends les photos côté namibien mais en face se trouve l'Afrique du sud. Incroyable les similitudes que je retrouve entre cette zone et le sud de la Mauritanie et le fin du désert. La symétrie entre l'équateur, tropique du cancer et du capricorne est presque parfaite, en terme d'environnement, c'est bluffant!! Pour être précis, cette zone correspond plus au passage du Maroc au Sahara occidental, nord du tropique du Cancer. La Mauritanie correspondant plus au sud de l'Angola (en terme de symétrie et similitudes).


































Quelques kilomètres avant la frontière sud africaine, je m'arrête pour acheter à manger et finir mes derniers dollars namibien. Je vois arriver vers moi Abdhu, qui m'explique qu'il voyage également à vélo depuis le Maroc pour faire un tour d'Afrique. Il me propose de rester avec lui pour continuer ensemble (il campe à ce moment là à côté d'une station service. Je lui explique que je viens de quitter mon camping et que je passe la frontière pour faire arranger mon vélo à Springbox. Je lui donne mon contact et lui propose de me rejoindre là-bas, le temps pour moi de me reposer un jour ou deux.



































Jour 2 à  Springbox, je file au magasin de vélo pour simplement changer mes chambres à air et y ajouter du liquide anticrevaisons. Lorsque je quitte le magasin, je tombe sur Abdhu qui vient faire changer les rayons de sa roue arrière, 8 ou 9 rayons ont lâché en même temps, au bon moment on va dire (Pas de magasin de vélos avant des centaines de kilomètres). On profite de la durée de réparation pour faire des courses pour la suite du voyage et retournons au camping.



















On commence à rouler ensemble le surlendemain. Ci-dessus, la dernière photo de face d'Abdhu, pourquoi? Parce qu'il a crevé 3 fois me laissant le temps de prendre de l'avance pour faire des photos.
Nous avons réussi l'exploit de nous perdre dès la première journée. Pour vous faire une idée, il a environ une heure d'avance sur moi après une demi journée. A la fin de la première journée  (environ 100 km), me sentant fatigué et ne voyant pas Adbhu je commence à regarder autour de moi le bon endroit pour camper. Je pose ma tente et envoye un message pour lui dire où je me trouve et de m'attendre à la prochaine ville.


















Le lendemain, je vois arriver Abdhu, content de le retrouver je lui demande:

- T'es revenu en arrière pour me retrouver?
- Non, j'étais derrière...
- Haha, pardon je t'ai pas vu, j'étais fatigué, musique dans les oreilles et je regardais au loin un spot pour camper, j'avais plus de jambes...Pourquoi tu m'as pas suivi?
-  T'es passé à côté de moi...tu as continué!! Comme hier tu râlais parce que je t'ai fais passé à travers les barbelés pour couper la route, je pensais que tu voulais continuer seul...
- Mais c'est rien ça et même si j'avais voulu continuer seul je t'aurais prévenu. Je suis juste un gros râleur, c'est tout. Aucune raison de continuer seul en t'ignorant, je suis content qu'on se soit retrouver. 

A partir de là, nous avons établi un règle, à savoir se retrouver à la mi-journée au KM 50-60 et en fin de journée au KM 90-100 en fonction de la route et du vent. "Problème" réglé !!


















Au cours de cette semaine ensemble, Abdhu m'apprend qu'il a un visa d'un mois seulement pendant que j'ai droit à 3 mois sans visa. Je dois être à Cape Town pour début décembre, Mélanie  (amie rencontrée au Maroc il y a un an) me retrouve là-bas pour passer quelques semaines avec moi, je dois donc prendre mon temps pour arriver. Abdhu n'a en revanche pas le temps de "s'éterniser" et donc continue vers le sud pendant que je vais vers Cederberg à l'est.


Le matin où nos routes se sont séparés, je lui explique que je vais appeler le titre de mon prochain article "Le Lièvre et la Tortue". Je lui raconte l'histoire succinctement et explique ensuite le pourquoi.

Abdhu est parti en juillet 2018 depuis le Maroc. Je suis parti (si j'exclue mon périple en France) en novembre 2018 (faisant l'Espagne et le Portugal avant d'arriver au Maroc). Abdhu est beaucoup plus rapide que moi (C'est peu de le dire!!) mais finalement nous arrivons en même temps à Cape Town. Simplement parce que j'avance lentement sans vraiment m'arrêter,  mon maximum aura été 2 semaines environ. Abdhu, par contre s'arrête moins que moi mais pour de longues durées, jusqu'à 4 mois au Niger par exemple pour travailler afin de poursuivre son voyage. Résultat, nous voilà en même temps en Afrique du Sud.
Évidemment tout ça n'est qu'une image. Aucun du Lièvre et de la Tortue n'est meilleur que l'autre, chacun voyage à son propre rythme selon ses propres possibilités, envies et besoins.

J'ai rigolé en relisant la fable de La Fontaine: 

"De quoi vous sert votre vitesse?
Moi l'emporter ! Et que serait-il si vous portiez une maison?"

C'est exactement ça....Sauf que nous portons tout les deux notre maison!!


















Le meilleur est pour la suite...
Deux heures après notre séparation, je m'arrête pour manger un morceau et qui je rencontre?


LA FAMILLE!!!


















Je les observe en train de se battre jusqu'à ce que la catastrophe arrive...
Aujourd'hui j'ai sauvé une vie!! 



















Cette semaine avec Abdhu a été un vrai plaisir. Toujours souriant, avec gentillesse et un sens du partage qui est propre à quasiment l'ensemble des pays musulmans que j'ai eu la chance de traverser, Maroc y compris.

Je suis à seulement 250 km de Cape Town. Je vais continuer à me balader dans les alentours avant de rejoindre le ville fin novembre, à mon rythme de Tortue...










vendredi 8 novembre 2019

Désert d'ennui...


















Plus de nouvelles depuis quelques semaines, je vais expliquer pourquoi dans cet article.
Je suis arrivé en Namibie avec une énorme envie de découvrir ce pays tant la plupart des gens m'ont dit que c'était extraordinaire!! Aucuns d'eux ne l'ayant parcouru à vélo, l'appréciation ne peut être la même.


Jour de départ de Windhoek.
J'ai fais le choix de mettre de côté le nord du pays pour arriver à Windhoek afin de réparer mon vélo et enfin profiter du reste du pays. J'ai donc fais changer les deux chambres à air, fais installer deux bandes anticrevraisons en priorité et changer les pièces usées. Je peux donc reprendre la route sereinement...




















Trois jours plus tard, à un jour d'arriver à Sossuvlei...Je me retrouve avec les deux pneus crevés et pas assez d'eau pour repérer les trous. Je dois donc faire demi tour pour trouver un endroit pour réparer. Je regonfle mes pneus au maximum pour atteindre le premier village qui se trouve à 20 km du lieu où je me trouvais. A mon grand étonnement, pas de nouvelles chambres à air et de bandes anticrevraisons dans mes pneus.
Le magasin de vélo (Cycletec Adventure Center) ne m'a pas changé ce que j'ai demandé en priorité. Je suis à plus de 300 km de Windhoek et ne peux plus rien faire pour régler le problème, merci à eux!!


















Solitaire: 0 km !!!


















Après le tropique du Cancer au Maroc...


















L'équateur au Gabon...Je me réjouis de passer le tropique du Capricorne pour un tiercé gagnant...


















Mais pas de panneau sur la route que je prends...
Je dois voler une photo sur Internet...Loose totale...




















Je suis obligé pour une question de sécurité de retourner sur la route principale où peut-être je pourrai trouver des chambres à air. Je finis par trouver mon bonheur dans un grand supermarché. Je peux reprendre la route un peu plus tranquille.


















Cette journée a été assez symbolique de mon passage en Namibie. Ennui et problèmes !!
Je démarre ma journée avec un vent de face comme tout mon séjour en Namibie suivi d'une crevaison au plus mauvais endroit possible (ravin et buissons à épines en contrebas), ce qui me force à avancer de 50m,  decoupant une partie de mon pneu...
Je répare à 1m de la route par obligation, chaque camion qui passe frôle me vélo le renversant à chaque fois. J'en viens à me demander s'ils font pas ça juste pour me faire c... alors qu'ils ont tout le luxe de prendre la route plus large.
Réparation terminée, je fais face à une tempête de sable. Je ne peux ni avancer, ni poser ma tente...Je demande de l'aide mais tout le monde m'ignore.
Je lâche mes premières larmes depuis très longtemps, désespéré par la situation...
Je reprends la route pendant 5km (une heure!!) et fini par trouver une gare abandonnée dans laquelle je peux m'abriter pour passer la nuit. Demain est un autre jour...



Voilà ce que je vois depuis un mois... (Ci-dessus)





















Test numéro 1523 de photo de nuit...
Un jour ça sera correct !!


Merci à ce groupe de m'avoir donné à boire et à manger. La plupart des gens me donnent de l'eau lorsque je roule, ce qui me sauve la mise assez souvent.






Ces derniers jours, j'en suis venu à me demander si la Namibie n'était pas ma pire expérience de voyage (précision importante: à vélo). Il est difficile de déterminer si un pays vaut le détour ou non tant c'est totalement subjectif et conditionné par nos propres choix et itinéraires.
J'ai conscience qu'ici tout s'est passé à l'envers. Eléments contre moi, matériels cassés les uns après les autres (béquille, sacoches, tente, parties du vélo). Je répare tant bien que mal mais ça plus les journées difficiles et ennuyeuses sur la route me rendent la tâche compliquée...
J'avance, je me rappelle sans cesse que je suis là par choix, non par obligation.
L'ennui laisse place à l'espoir d'un lendemain meilleur...


















Ce meilleur lendemain qui fini par arriver et vient changer notre perception des choses. Fish River Canyon est finalement le seul endroit que je me force à aller voir malgré que je n'ai plus de chambres à air viables et deux pneus en très mauvais état. Je mise sur la bonté des gens en cas de problèmes importants sur le vélo.


















Ces antilopes (Oryx) sont très nombreux dans cette région de Nambie. Malgré tout, me retrouver dans ma tente à une quinzaine de mètre de lui, nous observant l'un l'autre pendant un long moment aura été bénéfique et apaisant au coeur d'une période infernale.



















Je finis par atteindre mon objectif, considéré comme le plus grand canyon du monde après le Grand Canyon (États-Unis). J'y suis arrivé en fin de matinée. J'ai laissé mon vélo à l'entrée du "parc" qui se trouve à 11-12km et attendu l'arrivée d'une voiture pour aller voir le canyon. Ce jour là, je roule à 7-8km/h donc bien content de trouver 3 allemands qui acceptent de m'y conduire. Ca m'épargne un aller-retour de 3h, pas négligeable en ces temps un peu difficiles.



















Il y a une chose importante à préciser, toutes mes difficultés sont le fruit du hasard (ou de la malchance) mais en y réfléchissant un peu plus, seul la nature me pousse à bout. En revanche, en presque 3 ans à vélo, Afrique y compris, je n'ai jamais été agressé, jamais été volé, je ne me suis jamais senti en insécurité. Bien au contraire, où que je sois, je suis toujours bien mieux reçu. On me demande "Pourquoi l'Afrique?". Je réponds simplement que je veux voir l'Afrique telle qu'elle est et non pas telle qu'on nous la montre...La différence est énorme!!


Cette dernière semaine m'a fait un bien fou après des semaines d'ennuis, paysages agréables et belles rencontres.
Voyager à vélo est une chose, en voiture en est une autre. D'un côté, passer une journée sur la route pour aller voir un bel endroit, de l'autre une semaine dans un environnement difficile pour profiter quelques heures d'un site à visiter. Pour nous (cyclistes), la route est parfois plus importante que l'objectif à atteindre. Ces dernières semaines, j'ai passé mon temps à penser à l'objectif (prochain endroit à découvrir et objectif en général). Mais quel est cet objectif? Vivre? Rêver? Être libre? 

J'ai atteint mes 40 000 km autour du monde hier, je peux officiellement dire que j'ai fais un tour du monde à vélo!!







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