lundi 29 juillet 2019

On est ensemble


















Je quitte Franceville  (Gabon) le dimanche 21 juillet direction le Congo et sa capitale Brazzaville. Environ 550 km sépare les deux villes par l'itinéraire que je décide de prendre. Les quelques jours de repos m'ont fait le plus grand bien, je suis maintenant prêt à repartir sur les routes.



















Je choisi la frontière qui m'amène au Congo me semblant être la plus tranquille en terme de circulation. Manque de bol, je me trouve sur un chemin qui mène vers une carrière (30 km plus loin) où les camions par dizaines font les aller-retour entre la carrière et la gare de Franceville afin de charger les trains direction Libreville.
Une fois la carrière passée, me voilà soulagé d'être débarrassé de tout ces camions. Je roule tranquillement sur une route en terre, seulement une centaine de km me sépare de la frontière...



















Après environ quarante kilomètres, je contrôle sur mon GPS si je suis dans la bonne direction. Impossible de se tromper, il n'y a qu'une route...ou pas !!
Je me trouve sur une route qui n'a rien à voir avec ma destination, pire c'est une impasse, je dois donc faire demi tour jusqu'au km 20....Je retrouve les camions !!
Je poursuis enfin dans la bonne direction et m'arrête après 80 km (dont 40 km de détour) pour demander à une personne à combien de kilomètres se trouve le prochain village, il me répond qu'il se trouve à 17 km. Trop pour moi à cette heure-ci. 
Il me propose (Il s'appelle Dieudonné, ici en bleu) donc de rester dans leur campement au milieu de la jungle (photos ci-dessus).




















Dieudonné et ses amis sont des gardes forestiers qui s'occupent de cette partie de la brousse se trouvant au sud de Franceville. Le soir, ils m'invitent à partager un repas à base de manioc et de poissons fraîchement pêchés.
Lorsque je quitte le lendemain matin. Il me dit que l'accueil au Congo sera incroyable tant ils sont gentils. Je lui réponds que l'accueil est incroyable également au Gabon comme dans le reste de l'Afrique mais j'avais tord....Le Congo c'est encore autre chose !!










Frontière Gabon-Congo




















Poste frontière  (côté congolais). Les douaniers s'occupent des formalités. Je leur demande s'il est possible de dormir dans le village. Ils m'invitent à rester à l'intérieur du poste frontière où je mets seulement la moustiquaire de ma tente pour dormir.
Sans que je demande, ils me font bouillir de l'eau afin que je puisse avoir une douche chaude et me proposent de les rejoindre au bord du feu. Pour eux, il fait très froid... (entre 20 et 25 degrés !!).


Toutes les espèces que je ne verrai jamais...Ca laisse rêveur !!


















Une petite idée de ce qui m'attend quand j'arrive dans un village. La moitié est parti lorsque j'ai sorti l'appareil photo. L'autre partie du village est dans mon dos.

Les routes sont parfois tellement désastreuses que ça en est traumatisant, que ce soit pour moi ou mon vélo. L'un comme l'autre montrons des signes de fatigue lié aux secousses que l'on prend toute la journée. Mon dos et mes articulations me font mal...Un rayon de mon vélo casse en cours de route. Suite aux conseils des locaux, je décide de changer d'itinéraire afin de préserver mon vélo. A seulement 200 km je retrouverai le bitume pour aller vers Pointe Noire et non plus Brazzaville.




















La vie dans un village

La brousse étant trop dense, je m'arrête toujours dans un village pour y passer la nuit.
A mon arrivée, je me dirige vers l'endroit où se trouve un drapeau congolais. Il donne le lieu où habite le chef du village qui est décisionnaire de ce que l'on va faire de moi !!
Ici ils l'appellent le président, il est le représentant du village.
J'ai demandé à l'un d'eux qui lui donnait ce titre. Il m'a répondu que la sous-préfecture en désignait un dans chaque village, selon quels critères, je ne sais pas...

Chaque président me reçoit chez lui ou sur son terrain, me donne de l'eau chaude pour me doucher et m'invitent quasiment tous à dîner avec eux le soir de mon arrivée.
Je suis reçu comme un roi !! Incroyable !!

















Mais la vie dans un village à ses contraintes...Le bruit !!
Pas celui des gens mais des animaux  qui sont en très grand nombre !! Les chèvres qui gueulent jusqu'à une heure du matin avant de laisser les dizaines de coqs prendre le relais. Ça fait encore écho dans ma tête tellement c'est agressif. Après une nuit blanche et une très mauvaise journée sur la route, je retourne à la nature.
Cette fois-ci, c'est seulement le chant des oiseaux qui me réveille au matin.


"On est ensemble" , je l'entends depuis quelques mois que je suis en Afrique. Ça me rappelait une chanson sans savoir laquelle. Aujourd'hui, je me rappelle qu'il s'agit d'un morceau qui s'appelle "Une seule humanité", encore Keny Arkana !! L'entendre de la bouche d'un congolais lui donne tellement de sens. Ce sens de l'accueil et de l'hospitalité est profondément ancré en eux.


















Je quitte peu à peu la brousse pour retrouver des paysages plus dégagés.


















Un peu bémol depuis mon arrivée au Congo: les contrôles des autorités !! Il m'arrive de passer une heure à attendre que la police, les militaires, les gendarmes et les douaniers chacun leur tour notent tout mes renseignements en l'espace de 2-3 km. C'est pour ma sécurité...

Dernier contrôle en date, je passe un poste de gendarmerie et demande:

- Bonjour, vous devez me contrôler? 
- Je peux oui.
- Vous pouvez ou vous devez ? Parce que sinon je m'en vais !! Dis-je avec un léger sourire.
- Je dois !! Me retournant le sourire

Il poursuit:

- Vous avez des origines africaines?
- Non, pourquoi?
- Parce que votre nom "Andolfo" dans mon patois ça signifie quelque chose. Ando plus exactement.
- Et ça signifie quoi?
- Problème!!
-Haha, super positif !! "Ando" c'est ça?
- Non "Annnndo" 
- Merci pour l'info !!


Dernière chose très surprenante au Congo...
Les sacs plastiques sont interdits. Ça peut paraître normal pour nous occidentaux mais en Afrique c'est peu commun, une première même pour l'instant pour ma part. 
Du coup, j'ai le sentiment que le pays est beaucoup plus propre que tout ceux que j'ai fais précédemment (pas très difficile !!).

Je suis à Dolisie (3ème ville du pays). Je me repose un peu avant de rejoindre Pointe Noire qui se trouve à seulement 2 jours de vélo. J'y ferai mon visa pour l'Angola avant d'aller direction Cabinda (Exclave angolaise).





vendredi 19 juillet 2019

T'as pas peur des panthères ??

Deuxième partie de ma traversée du Gabon. Après quelques jours pour arriver à Lopé, je poursuis direction Franceville. Il me reste environ 400 km à parcourir. Je suis impatient de pouvoir voir mes premiers éléphants, apparemment en nombre au Gabon.


Chaque campement se fait dans un petit village comme celui-ci afin d'éviter d'être confronté aux animaux sauvages. J'écoute les locaux parce qu'à titre personnel, je préfèrerai dormir en brousse...
Mais bon, il y a les panthères !!


















En arrivant sur cette route, je me demande ce que fait un câble électrique en plein milieu de la jungle...


En regardant de plus près...


















Je voulais vous offrir des photos d'éléphants, de gorilles, de panthères etc...
Vous avez des fourmis...tellement triste...



Les camionneurs sont ceux qui m'aident le plus sur la route, lorsque que j'ai besoin d'un renseignement ou d'un peu d'eau par exemple. Ils suivent mon avancée faisant les aller-retour entre Libreville et Franceville.

Sur une zone un peu abîmée de la route, je rencontre un camionneur accompagné de son camion renversé sur la route. Je lui demande depuis combien de temps il se trouve là, m'attendant à une réponse de l'ordre d'un ou deux jours, il me répond:

- Je suis là depuis 13 jours !!
- Pardon ?? 13 jours ?
- Oui !!
- Mais vous attendez quoi ?
- La dépanneuse !!
- Mais elle est parti quand cette dépanneuse? 
- Il y a 6 jours de Libreville !!
- Hahaha, mais c'est pas possible, j'ai mis 5 jours pour venir à vélo !!
- Et bien voilà, t'es plus rapide qu'une dépanneuse gabonaise !!
- Je vais te faire une confidence...En fait, c'est moi et mon vélo la dépanneuse !! Mais je pense pas trop pouvoir aider !!

Son collègue s'approche de nous et me demande:

- Mais vous avez pas peur des panthères en étant à vélo ? Il y en a partout ici !!
- Euh non... (ne sachant quoi répondre).



















Une heure plus tard, un 4x4 s'arrête à côté de moi:

- Bonjour, tu va où comme ça? 
- Je vais à Brazzaville.
- T'as pas peur des panthères ? Il y en a beaucoup !!

Ayant eu le temps de la réflexion...

- Comment tu veux que j'ai peur, j'en ai jamais vu !! Je roule ici depuis bientôt une semaine, j'ai même pas vu un éléphant alors que vous me dites qu'ils sont partout. Je vais finir par dormir en brousse pour les voir sortir la nuit !!
- Nous, on vient d'aller en brousse, on a vu des gorilles !!
- Ohhhh.....
- On va à Brazzaville, tu veux qu'on t'amène? 
- Vous connaissez la réponse "non merci". Bonne route à vous.

En étant sur la route, la chance de rencontrer ces animaux sauvages est limité, ils se savent en sécurité dans la jungle et n'ont aucune raison d'en sortir pour s'aventurer sur la route alors si je veux voir tout ces animaux, il me faudrait faire une expédition juste pour ça.




















Dernier jour de vélo avant d'arriver à destination. Je décide la veille de dormir à seulement 35 km de Franceville afin d'avoir toute la journée pour trouver un hôtel pas cher, une banque (aucune sur mon chemin...hormis Libreville et Franceville) et de quoi avoir de l'internet pour avertir tout le monde que je n'ai pas été mangé par une panthère !!



















FRANCEville...


















Un bar de l'OM...
Il y a pas de doute, je suis à la maison !!


















Je m'en lasse jamais...

Libreville - Franceville :
9 jours de vélo 
750 km parcourus 
1 douche prise....

Devinez la priorité !! Je vous retrouve au Congo !!




jeudi 18 juillet 2019

Souffle le vent de la liberté !!


















Mon arrivée au Gabon sonne mon retour sur les routes africaines. D'abord embêté par mon genou puis par le paludisme, me voilà maintenant apte pour poursuivre sur mon vélo, ce qui m'a beaucoup manqué ces dernières semaines.




















Je suis au Gabon depuis la 6 juillet, où je suis arrivé en avion depuis le Bénin. Ma première mission est de faire mon visa pour le Congo Brazzaville  (République du Congo) qui est ma prochaine destination. Malheureusement, c'est le week-end alors je me balade dans Libreville pour passer le temps (vous connaissez ma passion pour les grandes villes lol).




















Libreville se trouve en bord de mer, il y est très agréable de s'y balader à vélo. A ma grande surprise, contrairement à l'Afrique de l'ouest, personne ne klaxonne sur les routes (ou très peu). Du coup, ce calme et cette absence de chaos m'a fait beaucoup de bien pour les quelques jours que j'y ai passé.




















Voilà, après avoir obtenu mon visa congolais le lundi après-midi, je reprends enfin la route. Ce sentiment de liberté qui m'habite lorsque je suis sur mon vélo refait surface, cet air qui vient caresser le visage lors d'une descente, ces encouragements venant de part et d'autre de la route. Ce sont toutes ces choses simples qui font que j'aime voyager comme ça. Les premiers coups de pédales sont un peu difficile au départ mais une fois la machine lancée, je retrouve cette sensation de bien être et de liberté totale !!





































Voilà l'événement de l'article (voire de mon voyage africain).
Pour la première fois de ma vie, je passe l'équateur vers l'hémisphère sud. Après plus de 35 000 km en vélo et quelques 40 pays visités (avec ou sans vélo), ça semble improbable et pourtant...
Pour vous faire une idée, sur ce voyage africain, j'ai passé léquateur en étant à 12 500 km, soit la distance Gabon - Pékin !! Le double de ce qui sépare la France du Gabon à vol d'oiseau. Autant dire que mon voyage n'est pas une ligne droite !!




















Revenons au parcours prévu pour ce séjour au Gabon. Je pars de Libreville en direction de Franceville en passant par le Parc National de Lopé, environ 750 km sépare les deux villes, entre deux....Rien ou presque !!
L'article est sur la première moitié du parcours, à savoir Libreville - Lopé.


































Il y a 3 routes majeurs ici, une montant vers le nord  (direction Cameroun), une passant vers le sud  (direction Pointe Noire au Congo) et la troisième va vers le sud-est (direction Brazzaville au Congo). Je prends la troisième qui me permet de traverser une grande partie du Gabon et rejoindre Brazzaville où je dois faire mon visa pour l'Angola.




















Les 150 premiers kilomètres de mon parcours sont bitumés, puis 350 km de pistes plus ou surtout moins bon état. En revanche, la traversée est très agréable et calme (seulement un ou deux véhicules à l'heure). Je dois par contre m'organiser pour dormir dans un village, cette région étant remplie de panthères, d'éléphants et de singes !! Comme il y a seulement un village tout les 50-60km , je réduis mes journées afin de pas camper dans la brousse.

Première moitié de mon séjour dans cet article, deuxième moitié dans le suivante, Lopé - Franceville  (où je suis déjà !!)