mardi 31 mars 2020

Liberté VS Confinement



Nous sommes le 27 mars, je reprends la route depuis Blantyre après presque 3 semaines de repos. J'avais prévu au départ de retrouver ma mère à Lilongwe pour une petite semaine de voyage en "famille" (en comité réduit) mais à cause du coronavirus son voyage a dû être annulé.
Je me retrouve donc la route en ayant une petite pensée pour elle qui aurait tant aimé revivre une expérience similaire que celle que nous avons vécu en Birmanie. 


Seulement 140 km sépare Blantyre de Liwonde où je prévois de m'arrêter un ou deux jours dans son parc national. Entre temps, je m'arrête à Zomba où je passe une nuit en auberge de jeunesse...puis deux nuits. Après tout j'ai tout le temps pour traverser le pays, à quoi bon courir.
J'arrive donc 3 jours après mon départ au parc national de Liwonde. Je m'arrête dans un camping qui se trouve à l'entrée du parc.


















Seule une petite rivière sépare le camping du parc national, je retrouve donc des animaux plutôt inoffensifs autour de ma tente, antilopes, singes, phacochères entre autre.



 Étant arrivé assez tôt, je profite de mon après-midi pour aller sur cette plateforme qui sert de point d'observation. Il permet de voir les animaux remonter la rivière pour s'abreuver ou aller chercher de la nourriture...Bon, j'ai vu que des oiseaux, qui sont incroyablement nombreux et magnifiques. Les paysages sont également très beaux alors peu importe le nombre d'animaux, le plaisir est là!!

















 Je vois mes premiers hippopotames depuis que je suis en Afrique, difficile à voir puisque je me trouve à plus de 400 ou 500 m. En revanche, on les entend très bien!!



















Je reviens sur le titre de l'article. 
D'abord illustré par les oiseaux ci-dessus, qui sont pour moi le plus grand symbole de liberté. Ma propre liberté est toujours aussi intacte malgré les problèmes liés au Coronavirus. Le Malawi n'étant pour l'instant pas touché, la vie se passe normalement. Évidemment, les mesures de protection sont prises, ce pourquoi ma mère ne peut pas ma rejoindre. Aujourd'hui, les frontières sont fermées et les vols suspendus, pas de confinement vu qu'il n'y a pas de virus (officiellement).
Seulement, depuis quelques semaines je discute avec famille et amis de la situation en France et ai du mal à imaginer ce que vous vivez actuellement tellement ce que je vis en ce moment est aux antipodes de la situation française. Je suis libre comme l'air pendant que vous êtes enfermés, difficile de comprendre ce que vous vivez, ce que vous ressentez. Je suis en tout cas de tout coeur avec vous en espérant que ce fléau se termine très vite. 
Une pensée pour ma mère qui va s'imaginer ici malgré son confinement.
Je pense qu'en ce moment, vous vous rendez compte que la liberté est l'une des choses les plus importantes pour notre équilibre psychique...et psychologique...
Alors je vous offre un petit peu de cette liberté!!



















Le lendemain, un membre du staff vient me voir et me dit:

- On va te déplacer dans le dortoir, ta tente est trop petite et comme il y a plus de travail  (à cause du coronavirus) il n'y a plus de personnel pour surveiller le site, ça peut être dangereux!!
- Dangereux? C'est à dire?
- Et bien il y a des lions et des hippopotames qui se baladent dans le camp!!
- Haha, merci de me le dire que maintenant...Au moins, j'ai passé une bonne nuit!! Mais j'ai dû utiliser mes boules quies parce que j'entendais les hippopotames hurler au loin...Maintenant je comprends, ils devaient pas être si loin!!
- Oui, et tu comprend  (dit-il en montrant mon emplacement ci-dessus), ils font se dire qu'il y a un chemin et passer sur ta tente!!
- Ok, montre moi ce dortoir!!


État d'un baobab après le "passage" (façon de parler puisqu'ils mettent un moment pour le mettre dans cet état) d'éléphants, j'imagine même pas mon état et celui de ma tente après un passage...




















Le lendemain après-midi, je décide de faire un petit tour en bateau dans la réserve. Le guide m'annonce que l'on va voir des hippopotames, des éléphants et des crocodiles.
Vu ma chance légendaire pour rencontrer des éléphants...Je m'attends au pire!!



















J'ajoute ce paragraphe suite à l'interrogation de mon cousin Giovanni qui se posait la question "S'agit-il du crocodile ou d'un Alligator?"
Je voyais l'Alligator plutôt en Amérique du Sud alors je suis allé vérifier sur internet. Il semblerait que les caïmans et les alligators se trouvent en Amérique tandis que les crocodiles se trouvent en Afrique,  Asie et Australie.
Par contre, s'agit-il d'un crocodile du Nil?


















Le tour en bateau dure environ 2h30-3h, ce qui aura été assez puisque l'on voit hippopotames et crocodiles pour de très courtes durées...




















Mon guide et mon capitaine pour un trip où je suis le seul passager.
Normalement les sorties en bateau se font à partir de 3 personnes mais en raison de l'épidémie, il n'y a plus de tourisme donc on m'autorise à faire ce petit voyage en bateau seul.


















Nous arrivons au moment le plus intéressant, le capitaine voit des éléphants au loin et fonce dans leurs direction pour nous rapprocher au maximum...




















Résultat, sept magnifiques éléphants en train de se baigner à une trentaine de mètres de nous...Puis quelques hippopotames en train de se nourrir. Un beau moment...Moi qui attendais ça depuis des mois !!
En se rapprochant, le capitaine à bloqué le bateau dans les hautes herbes, je suis d'abord resté aveuglé par les éléphants puis je les ai aidé comme j'ai pu. On aura mis un bon quart d'heure pour sortir de là, une rallonge non négligeable en compagnie de ces éléphants.



















Vous noterez que j'ai pas abandonné les oiseaux pour autant...Magnifiques également dans ce parc national!!

A la fin de la sortie, le guide me dit que j'ai été très chanceux de voir éléphants, crocodiles et hippopotames.
Je lui réponds que c'est mes premiers éléphants en Afrique depuis plus de 18 mois, alors ok pour la chance aujourd'hui...Mais pas pour les 18 précédents mois!!

J'ai quitté Liwonde ce matin, direction le Lac Malawi. J'y serai demain après-midi avec pour mission de trouver un logement pour un mois en bord de...lac!!




dimanche 22 mars 2020

Contre vents et marées!!

Retour sur le blog après quelques semaines d'absence.
Je reprends où je m'étais arrêté, à savoir Vilanculos (Mozambique). Jour du départ, dimanche 23 février.
Je démarre doucement vers le nord, direction le Malawi. J'ai une assez longue distance à parcourir  (1100 km) sans véritable arrêt. Comme dit précédemment, j'ai seulement 1 mois de visa au Mozambique. N'ayant pas réalisé que j'étais au mois de février je perds quelques jours puisque le douanier m'a donné un visa du 9 février au 9 mars. Je ne m'inquiète pas vraiment, en cas de dépassement, j'évoquerai ces deux jours perdu...Étant dans une année bissextile (première fois que j'y trouve un intérêt!!), je gagne un jour.



Premier jour sur la route, 20 km tranquille sous le soleil, je me réjoui de reprendre le vélo...
Puis premier rayon cassé, je répare assez vite puis reprends la route...
5 km plus tard...première crevaison. Il faut savoir que je dois retirer toutes mes sacoches puis les remonter lorsque j'ai fini ma réparation...
2 minutes plus tard, l'orage tombe sur moi de manière assez violente. Je répare vite puis me réfugie sous le premier toit que je trouve en attendant que la pluie s'arrête.
10 km plus tard, la route est totalement inondée, le trafic est interrompu mais j'arrive à me passer au milieu de ce chaos. Je sens un craquement sur le vélo, une pédale semble me lâcher. Pas le choix que de continuer. Simple alerte, je peux continuer...
1 heure plus tard...nouvelle crevaison...Je répare (au soleil cette fois!!) puis abandonne d'idée de continuer pour aujourd'hui et trouve un endroit pour camper. Je suis surpris de voir que j'ai fais 85 km malgré tout!!

Cette nuit là, j'ai eu la visite de quelques dizaines de lucioles. Ça restera mon moment le plus agréable au Mozambique que de voir ces lucioles se confondre avec les étoiles pendant une bonne partie de la nuit. J'en vois très rarement, seulement à deux reprises depuis que je suis en Afrique. C'est cette rareté qui rend le moment un peu plus magique.

Jour suivant, je me réveille malade (maux de tête, toux sèche...non ce n'est pas le coronavirus on se calme!!), avec le dos bloqué. Mon matelas se dégonfle complètement après seulement 2-3h, je dois donc regonfler plusieurs fois par nuit. Il me faut environ une heure à chaque fois pour me rendormir, ça donne une idée des nuits que je passe...
Bref, je dois continuer. Mais très lentement. Journée sans problème mais difficile d'apprécier en étant malade.

Jour suivant, toujours malade, toujours le dos fracassé...
Mais ça suffit pas, un torticolis vient se rajouter à ça. L'inconfort lié à mon matelas vieillissant est en train de me détruire à petit feu...
Je suis obligé de réduire mes journées. L'avantage, c'est que rouler avec un torticolis (étant obligé de regarder à droite, à gauche toutes les 10 secondes, c'est l'Afrique), c'est que je ressens plus aucunes douleurs dans le reste du corps.
J'essaye de m'arrêter dans des motels mais hormis les lieux touristiques, il y en à très peu dans le reste du pays, seulement tout les 200-300km.
Je m'y arrête quand je peux  (histoire d'avoir un matelas). Malheureusement, impossible de dormir convenablement, musique à fond h24. On continue...
Mon mal au dos reste le même, mon torticolis durera plus d'un semaine. J'ai réduis mes journées à 4h de vélo maximum  (limite de ma tolérance à la douleur).
Autant vous dire que j'ai pas de souvenirs positifs, éclipsés par la douleur.


J'arrive à la frontière après un peu plus d'une dizaine de jours. Je demande au douanier de me faire mon visa, il me répond que le poste de frontières n'est pas équipé du matériel pour me le fournir. Il m'informe du prix et me dit que je ne peux payer qu'en dollars. Je lui réponds que je suis pas américain et que je suis en Afrique depuis un an et demi donc pas de dollars mais des meticals mozambicain, j'arrive finalement à trouver des dollars non loin du poste. Il me donne l'adresse du service d'immigration de la ville suivante où je vais au cours de la journée...Même réponse, pas d'équipement pour les visas. Tant pis, je resterai clandestin encore quelques jours. Je ferai mon visa à Blantyre.

En banlieue de Blantyre, je retrouve Lucy (ci-dessus) qui suit mon voyage depuis mon départ de France. Je lui avais promis de lui rendre visite lors de mon arrivée au Malawi. Elle et sa petite famille me reçoivent depuis maintenant un peu moins de deux semaines.



Arrivant un dimanche,je me repose et attends le lendemain pour enfin aller à l'Immigration afin d'obtenir mon visa. Lucy vit à 20 km au sud de la ville dans un petit village qui s'appelle Mwangata. Nous prenons le bus pour rejoindre le centre ville tard dans la matinée. Je me rends au service d'Immigration où l'on me demande de revenir après le déjeuner...Il est midi, le service ferme à midi évidemment. 
Nous revenons à l'heure indiquée, à savoir 13h30, et là commence le processus. Je passe d'un bureau à l'autre pendant 2h puis finis par avoir mon visa...A ma grande surprise 3 mois et pas seulement 1 mois!!


Trois mois plus les quelques jours passés en clandestin!!!



Dans à peu près tout les pays que j'ai traversé en Afrique, les zones rurales n'ont pas accès à l'eau autrement que par les puits. Il suffit de repérer les gens portant des bidons d'eau pour savoir où trouver de l'eau...

Et ça se présente très souvent comme la photo ci-dessus.


















Lucy prépare du Nsima (pâte préparée à base de farine de maïs), plat traditionnel malawien. Il est accompagné de sauces en tout genre.


Je me repose encore quelques jours avant de reprendre la route vers le nord.  Pour les prochaines semaines, je vous publierai un peu plus d'articles, ça vous occupera pendant le confinement!! A noter que je n'ai délibérément pas parlé de coronavirus. Comme vous en bouffez matin, midi et soir. Je vous épargne ça.

Encore merci à Lucy et toute sa famille pour leur accueil exceptionnel!! J'ai demandé à Lucy de réunir tout le monde mais après une semaine à attendre cette photo pour publier l'article, je me contente d'une photo d'elle avec sa mère Tiyanjane.

Ma mère devait me rejoindre la semaine prochaine mais elle a dut annuler son voyage à cause du coronavirus. Je vais donc poursuivre mon périple seul en prenant le temps de profiter du pays.