vendredi 11 septembre 2020

Pigeon voyageur


















En Tanzanie depuis un mois maintenant, je décide une fois arrivé à Dar Es Salaam de faire un séjour à Zanzibar.
Au départ, je ne souhaitais pas spécialement m'y rendre, craignant de faire face à un tourisme de masse qui n'est pas spécialement ce que je recherche dans mon voyage.
Lorsque j'étais au Malawi, lassé par mon périple, j'ai étudié quelles étaient mes options pour rentrer en France ou du moins en Europe.

J'ai donc regardé les départs d'avions depuis le Malawi, Tanzanie et Kenya. Le billet étant 4 fois plus cher depuis le Malawi, j'ai donc décidé de traverser la Tanzanie en direction de Dar Es Salaam.
A ma grande surprise, j'ai vu des billets d'avions moins cher depuis Zanzibar alors à ce moment là, je me suis dis que ça pouvait être une idée de profiter de l'île puis de rentrer en France.

Après cette traversée de la Tanzanie, malgré toujours des hauts et des bas, je décide de poursuivre mon aventure. Lorsque j'ai préparé (un bien grand mot!!) mon périple africain, j'avais fixé comme objectif la Tanzanie avec l'envie de monter le Kilimanjaro. Seulement, les prix pratiqués pour une randonnée sur cette montagne est totalement hors budget (plus ou moins 1 500 € pour quelques jours), disons qu'un tel montant me permet de voyager 5 à 6 mois...Assez pour atteindre l'Égypte si les frontières sont ouvertes jusque là.



J'ai donc décidé de passer un peu de temps à Zanzibar, sachant que le tourisme est en chute depuis le Covid19, je devrais pouvoir supporter une dizaine de jours sur l'île.

Je quitte mon auberge de jeunesse le mercredi 2 septembre pour rejoindre le port d'embarquement...Je commence à me faire harceler par tout un tas de gens qui vous force à vous aider pour vous demander de l'argent en échange. Je trouve la billetterie et demande un billet le moins cher possible quel que soit le temps qu'il mette, je suis pas pressé. L'homme me baratine me disant qu'il y en a que tout les deux mois, bref me force à prendre son bateau avec comme argument qu'il met moins de 2h pour arriver sur l'île. Chose dont je me fiche totalement vu que j'ai encore 2 mois de visa et que je suis pas là pour 2 semaines de vacances.



















Il est 11h et mon bateau part vers 12h30. Alors tout le temps de prendre mon vélo et embarquer direction Zanzibar. Au moment d'arriver à l'entrée du port, un homme me prend mon vélo de force...Encore. Je lui dis que je me débrouille et que j'ai pas besoin d'aide d'autant plus que j'ai une heure et demi à attendre...Il insiste mais je le préviens que je n'ai pas un centime à lui donner vu qu'il m'a forcé la main, il ne m'écoute pas...

Pour embarquer le vélo, il y a un scanner (je suis pas sûr du terme)  pour vérifier les bagages. Je dois donc enlever toutes mes sacoches du vélo, les passer dans le scanner et les remettre sur le vélo 2 secondes plus tard.
Le gars qui à prit mon vélo me suit comme un morpion...intéressé par mon argent évidemment!!
J'arrive au bateau, on me demande de payer un supplément pour le vélo. Puis j'attends l'heure d'embarquement. 

Le fameux gars me demande de l'argent pour l'aide qu'il m'a apporté dont je ne voulais pas dès le départ. Et m'a pris la tête 10 minutes avant que je m'énerve et lui dise de dégager. 

Enfin tranquille, tour à tour 3 personnes viennent me proposer de me montrer l'île et que ça me coutera pas cher. Je leur dis que je suis moi même guide et que j'ai pas besoin d'aide....A ce moment, je me demande ce que je fais dans cette galère!!

Alors, je rebrousse chemin et demande le remboursement de billets...En vain...Je me sens maintenant forcé d'aller sur une île où je n'ai plus envie de mettre les pieds.
J'ai juste à espérer qu'une fois là bas tout se passera bien.



















Enfin à Zanzibar, rebelote Scanner puis immigration  (ce qui me surprend) et finalement j'arrive à Stone Town où les premiers taxi me proposent de me conduire. Je leur conseille d'ouvrir les yeux afin que voir que je suis sur un vélo qui rentre même pas dans leurs voitures et de me laisser prendre la route. À ce moment là, je me sens un peu mieux, roulant dans la ville je m'aperçois que l'atmosphère est bien moins étouffante que mon épisode ferry. La tension qui m'habitait commence peu à peu à disparaître.


































Je quitte Stone Town le lendemain matin direction Paje qui est un village se trouvant sur le versant est de l'île, où les plages sont considérées comme plus belles de l'île. Seulement 50 km me sépare du village quand je démarre. Route assez agréable une fois que l'on quitte la ville de Zanzibar. Après 40 km, je regarde mon GPS et vérifie que je suis sur la bonne route et bien à environ 10 km de Paje, puis poursuis. Je roule avec un vent de face pendant 15 km mais toujours pas de Paje...

J'ai réussi à rater la route alors qu'il n'y en a pas beaucoup sur l'île. J'ai en fait été surpris que la route soit bitumé partout. Sur mon GPS, ce type de route est normalement une piste, notamment ici en Tanzanie, Zanzibar est définitivement différent du reste du pays.
Je suis donc parti vers le sud, je suis à l'extrême sud de l'île (qui heureusement est toute petite), j'ai donc fais une boucle de 35 km en plus pour arriver à Paje. Pas insurmontable...Et surtout, j'avais prévu de faire cette boucle le lendemain.



À quelques 15 km du village, je rencontre deux italiens qui ont loué des vélos pour se balader. Je passe l'après midi avec eux, nous nous arrêtons sur quelques plages afin de se baigner et profiter de la plage. Un groupe d'enfants jouent autour afin de se connecter avec nous.
Ça fait seulement un jour que je suis ici et les tensions du ferry sont déjà loin derrière moi. Atmosphère îles, calme et agréable.


















Je suis finalement à Paje en fin d'après midi (ci-dessus vue depuis l'auberge). Quelques dizaines de minutes après moi, Emmeline que j'ai rencontré à Dar me retrouve également au même endroit.




















Après avoir réservé à mon arrivée 3 nuits, je décide de rester ici un peu plus longtemps. L'ambiance et le cadre étant très agréable, aucune raison d'aller dans un autre village sans être sûr que ce soit à la hauteur.

Ambiance très française à l'auberge, entre Emmeline et moi et deux couples de voyageurs, je peux parler français alors que ça ne m'était pas arrivé depuis très longtemps. D'ailleurs désolé pour eux parce que j'ai du les fatiguer.



















Après un jour de repos, je propose à Emmeline de louer un vélo afin de m'accompagner pour une petite balade qui nous amène à une quinzaine de kilomètres au nord de Paje.
Tout allait trop bien ces derniers jours...

À environ 1 ou 2km de notre arrivée sur place, sur une petite descente Emmeline prend un dos d'âne en mauvais état un peu vite et freinant à la sortie de celui-ci fait un soleil et tombe violemment sur le côté de la tête...

J'ai d'abord eu peur puis la voyant consciente malgré un KO, je coure vers elle pour voir dans quel état elle se trouve. Dans son malheur, elle est accompagnée d'un ambulancier alors je fais ce que je sais faire, à savoir examiner son état pour savoir quel décision prendre.

Tout le monde panique autour. Je demande à tout le monde de s'écarter pour la laisser respirer et éviter de la stresser un peu plus. La précipitation est la pire des choses dans ce type de situation et pourtant la majorité des gens se laissent guider par leurs peurs et font n'importe quoi.

Bref, je la laisse au sol pour voir si elle a quelque chose de cassé et lui pose 2-3 questions pour voir si elle est cohérente ou non. Blessures superficielles et malheureusement deux morceaux de dents cassées. Je la relève pour la faire marcher un peu, elle est perdue mais ne se rappelle pas de la chute seulement.

Tout le monde me dit de l'amener à l'hôpital mais la seule chose à faire est un scanner...Et pas de scanner dans les alentours alors je la laisse décider.
Un taxi s'arrête et propose de nous "aider"...un bien grand mot, il me demande 15€ au départ pour 15 km de route...Pire qu'en France...
Je m'énerve en disant qu'il essaye de nous voler profitant de la situation d'urgence et que c'est inadmissible d'agir de la sorte!!

Un gars vient me voir et me dit:

- Mais il faut penser à l'essence à payer, ça coûte cher, c'est au moins 5-6L!!!
- 5-6L pour 15 km ? Taxi-Ambulancier c'est mon métier et avec une bonne voiture comme ça, tu fais au moins 80 km alors arrêter de mon prendre pour un con et dites moi juste que parce que je suis blanc et dans l'urgence vous allez me voler, c'est plus honnête.

J'ai pas insisté plus longtemps mais j'ai payé 10 euros, qui est déjà beaucoup trop cher mais compte tenu de la situation, peu importe...Et ça ils le savent bien!!!

Je réalise à ce moment là que lorsque je voyage à vélo, personne ne peut me voler parce que je suis autonome à quasi 100% si les prix ne me conviennent pas (je vais écrire un paragraphe plus dans cet article sur l'aspect économique dans le voyage).



















Après moins de 10 minutes de route, je demande à Emmeline si elle souhaite aller à l'hôpital mais se sentant pas trop mal nous rentrons à l'auberge où je nettoye bien ses plaie et lui fais quelques pansements. Je reste avec elle la journée pour voir comment elle se sent et éventuellement aller à l'hôpital si elle voit qu'elle n'est pas bien.

Dans la journée, nous discutons avec Alex et Mina qui offre à Emmeline de l'amener dans une maison d'hôtes un peu plus calme que le dortoir dans lequel nous sommes. Puis louant une voiture pendant quelques jours, Alex nous invite à aller dans le sud pour se balader et trouver du thon dans un port de pêche.



















Lendemain, Emmeline est toujours un peu perturbée mais elle va mieux. Nous partons nous balader vers le phare ci-dessus qui se trouve au sud est de l'île. Je met les pieds dans l'eau pour faire quelques photos et sent une piqûre qui s'apparante à une piqûre d'abeille...

















Il s'agit de la seule méduse qui se trouvait dans l'eau, pas de chance!!! Je dis adieu à tout le monde imaginant qu'il s'agit de la méduse la plus mortelle de la planète mais bien heureux j'ai survécu!!!!



















Finalement, nous ne trouvons pas de thon (Certains medisants diront que oui!!!) mais nous rencontrons ces singes qui n'ont pas l'air agressifs du tout!!! Il s'agit d'un Colobe rouge, singe qui ne se trouve que sur l'île de Zanzibar. Par chance, nous en avons vu quelques uns.



















Nous n'avons pas trouvé de thon mais malgré tout nous repartons avec du poisson. Alex et Mina (ci-dessus) nous invitent à dîner afin de passer la soirée avec eux et rentrer tranquillement après. Agréable moment qui me change de mes habitudes. Une soirée entre amis, ça fait du bien quand on vit en solitaire depuis presque 2 ans!!!




















Comme certains le savent, je voyage avec un budget assez limité...Je vis avec environ 10 euros par jour, ce qui pour un voyageur à vélo est une fourchette haute. Pour un voyageur plus conventionnel, c'est un budget quasi impossible à tenir hormis en faisant du volontariat, mais malgré tout il y a toujours un billet d'avion à budgetiser, ce qui n'est pas mon cas.

Mais limité selon quel référentiel?

L'erreur des gens lorsqu'ils voyagent, c'est de prendre en référence leur pays d'origine, la France pour nous.
Alors bien évidemment, comparativement, la majorité des pays du monde coûtent moins cher que la France mais à quel degré.
Lors que mes quelques jours à Zanzibar, j'ai réalisé que la majeure partie des gens n'avaient pas conscience de ce que valent les choses en Tanzanie. Simplement parce qu'ils suivent une itinéraire purement touristique qui fausse totalement la valeur, un safari ou l'ascension du Kilimanjaro sont par exemple totalement hors de prix et donnent l'impression que tout est peu cher...Et pourtant...

J'ai souvenir quand je suis parti en vacances en Colombie pour retrouver mes amis Magali et Mick qu'ils me disaient que le salaire moyen était d'environ 300€ par mois, qui à cette époque me semblait peu.
Depuis j'ai fais un peu plus de 40 pays dont une bonne partie en Afrique et réalisé que ces 300€ par mois, c'était finalement pas si peu que ça, bien que ça dépend toujours du pouvoir d'achat propre à chaque pays.

Je vais prendre l'exemple du Malawi parce que je suis resté plus de 5 mois dans le pays et que c'est un des pays les plus pauvre au monde. Au Malawi, chaque habitant vit avec  en moyenne environ 350€ par an, grosso modo 1€ par jour.
Donc quand j'entends des gens me dire que 4 ou 5 euros c'est peu cher pour un restaurant, je suis pas d'accord.
Attention chacun met l'argent où il veut mais 4 ou 5€ même en Tanzanie, c'est au moins 4 à 5 fois le prix d'un restaurant local (important de préciser),
Et pour ma part, passer 2 ans en Afrique en payant 5 fois ce que je paye juste pour la nourriture, ça donne en 2 ans 3000€ de frais en plus en ne mangeant pas forcément mieux.

Je ne pensais  pas écrire un paragraphe là dessus parce que ma manière de payer le juste prix (plus ou moins...) est devenu mécanique, pour tout les gens qui ont voyagé, tout ça semble évident, moins pour les autres.
J'ai constaté à chaque passage de frontière que je surpayais parce que j'apprends petit à petit la valeur des choses et que jour après jour les prix diminuent parce que je change de référentiel.

Alors en Afrique pour pas se faire avoir, il suffit d'aller où il n'y a que des locaux, il faut demander le prix du repas à l'avance pour pas avoir une mauvaise surprise une fois que le repas est terminé. En campagne, la majorité des gens sont honnêtes donc on arrive vite à connaître la valeur des choses à l'échelle du pays.

Encore faut-il vouloir manger dans un resto de rue (peur de l'hygiène?). Honnêtement, je pense que l'hygiène est meilleure ici que dans des restaurants plus conventionnels, 1 ou 2 plats à proposer préparés juste avant l'heure du repas, j'exclue la viande parce que c'est le seul produit sur lequel on est pas sûr à 100% (poisson ça dépend où on se trouve), mais quand on te sert du riz avec des haricots et des légumes dans un plat qui à été très bien lavé avant de cuisiner, il n'y a pas à avoir peur...Bon après je bois de l'eau que même les locaux ne boivent pas parfois donc j'ai l'estomac solide!!!

Alors est-ce que payer 4 ou 5€ par repas rapporte plus aux locaux?

Même pas... Ces restaurants là sont tenus par des occidentaux qui ont pour employés des locaux payés au salaire du pays et qui profitent de ces petits salaires pour faire une grosse marge et donc rentabiliser leur business au détriment de leur personnel.

Lorsque je vais dans un resto local, je paye moins mais l'argent va exclusivement dans la poche du cuisinier.

Mais comme on dit "chacun voit midi à sa porte" !!!
D'ailleurs je comprends que pour les gens qui partent deux semaines en vacances, ils n'aient pas envie de se prendre la tête avec ce genre de considération.





















De retour à Zanzibar town où je reprends le ferry le lendemain direction Dar.  Je profite de ma dernière journée sur l'île en baladant dans cette ville plutôt atypique pour le continent, seulement est ce que Zanzibar est l'Afrique?
J'aurai apprécié mon séjour sur l'île mais le continent me manque et il me tarde de reprendre la route dès mon retour sur celui-ci.



J'apprends en arrivant sur l'île que le chanteur de Queen Freddy Mercury est né ici. Voilà une photo qui va intéresser personne à part ma soeur!!! Comme la maison bleue à San Francisco n'a intéresser que mes parents.
Malgré tout Queen est un peu plus connu que Maxime le Forestier.




Voilà ma petite balade à vélo, on a l'impression que c'est beaucoup mais ça représente 3 demi journées.

Une fois à Dar,  Je prendrai mes renseignements sur les trains me conduisant à Kilosa pour reprendre la route vers le nord,  vers le Kenya? Rwanda? Uganda? Aucune idée pour le moment!!!