mardi 25 août 2020

Dans la peau d'un blanc


















Le titre va sans doute choquer un tant soit peu mais sans mon expérience africaine il ne me serait jamais venu à l'esprit de parler de ce type de sujet.

Ce titre m'est venu du livre "Dans la peau d'un noir" (titre original "Black like me") de John Howard Griffin. Livre que j'ai lu lorsque j'étais adolescent. Il s'agit d'une autobiographie de l'auteur qui fait l'expérience grâce à un procédé médical de changer sa couleur de peau pour voir ce que vivent les Afro-Américains face à la ségrégation. Avant de lire ce livre, je craignais que ce soit trop caricatural mais il n'en fut rien.




















Pourquoi ce titre?
Les gens qui ont connu une expérience de voyage en Afrique comprendront. Depuis plus d'un an est demi que je suis sur le continent, un des seuls mots que j'entends est "blanc" dans toutes les langues du continent. Les gens ne vous appellent que par votre couleur de peau et ne vous considèrent que par cette couleur de peau, comme si celle-ci te définissait en tant qu'individu.
C'est d'abord dérangeant parce que dans notre société appeler quelqu'un par sa couleur de peau n'est pas tolérable. 
Lorsque j'étais au Sénégal, je me rappelle avoir discuté du sujet avec Bay qui était un membre d'une association dans laquelle j'ai fais un volontariat.
Je lui expliquais qu'en France c'était inadmissible d'appeler quelqu'un par sa couleur de peau. Et en exemple, je lui dis "c'est comme si je te disais "le nègre", ç'est pas possible!!".
Il m'a répondu "Mais c'est ce que je suis...nègre". 
Ça montre à quel point nos cultures sont si différentes. D'un côté un mot qui a une connotation raciste, d'un autre juste un critère physique.



















Avec le temps, on s'habitue à entendre toute la journée "Toubab"au Sénégal ou "Mzungu" pour cette partie de l'Afrique puisque qu'il est toujours accompagné d'un sourire ou d'un coucou majoritairement par les enfants qui n'ont pour la plupart jamais vu de blancs de leur vie...alors ils ont un radar pour nous localiser à 3km...appeler tout les enfants du village et vous courir après. L'intérêt pour mon vélo et par la même occasion mon voyage est moindre que sur les autres continents.
Parfois j'aimerais être noir pour ne pas être toujours considéré comme l'étranger ou pire...le touriste!!! Mais je suis un blanc en Afrique et l'attraction de tout un continent alors je m'y habitue parce qu'au fond il n'y a rien de négatif dans leur approche, juste de la joie et de la curiosité!!
Petit bémol, le "give me money" qui accompagne le "Mzungu"!!!




















Place au voyage!!
Nous sommes le 7 août lorsque je quitte Chitimba où je laisse Grisham et Viktor en direction de la Tanzanie. Un peu moins de 200km me sépare de la frontière. Je prévois 2 ou 3 jours pour arriver. Assez en jambes jusqu'à la frontière, surtout grâce à du plat et un vent plutôt favorable!!
J'arrive à la frontière, le douanier me dit dans un anglais approximatif:

- Tu me peux passer avec ça!!
- Avec quoi? Mon vélo? 
-Tu passe pas, tu dois le laisser de l'autre côté de la frontière!!
- Mais de quoi tu parle?? Jamais je laisse mon vélo, désolé!!
- Je parle pas de vélo mais du sac plastique que tu as là, donc tu le prend et tu le jete de l'autre côté de la frontière!!
- Mais ça n'a aucun sens, je le reutilise pour de la nourriture, je vois pas l'intérêt de le jeter, c'est pire que de le garder!!
- C'est bon, circule!!

Comment suivre une loi sans réfléchir 2 secondes!! Surtout quand par la suite, on voit des bouteilles en plastique partout au bord de la route. C'est une belle initiative d'interdire les sacs plastiques en Afrique mais quand rien ne suit derrière, ça n'a aucun sens.




















Ce qui m'attend par la suite c'est un peu plus de 100km de montagne, au milieu de volcans et de plantations de thé!! Un magnifique environnement dont je peux profiter tant je roule doucement. Au terme de ces 100km, un col à 2 300 m d'altitude...Dur quand on reprend le vélo depuis seulement quelques jours!! Je casse une nouvelle paire de pédales et commence à entendre du bruit sur l'axe de ma roue arrière, problème que je n'arrive pas à définir. Il n'y a rien pour réparer correctement avant 700 ou 800 km, alors on continue...Ca passe ou ca casse!!!




















Après 200km sur la route principale qui conduit à Dar Es Salaam, ennuyé par la circulation, je décide malgré ma roue cassée de prendre une piste de 150 ou 200 km en direction de Mafinga. Piste plate et paisible dans un premier temps puis une grosse montée pendant environ 50-60 km pour atteindre Mafinga.




















Je décide de camper à 35 km de Mafinga, histoire d'arriver tranquillement dans la matinée pour me reposer un ou deux jours avant de reprendre la route.
Durant la soirée, des enfants me jettent des cailloux sur  ma tente...Ce trouvant ainsi déchirée à deux endroits différents. Je me lève le matin avec mes deux pneus crevés  (pas à cause de locaux mais d'épines). Je répare puis reprends la route. Je réalise que l'axe de ma roue arrière ne tient plus et qu'à chaque secousse (je suis sur une piste donc...) l'axe tape sur le cadre du vélo. À 5km de Mafinga, la roue lâche et se voile...impossible de bouger le vélo, la roue est bloquée sur le cadre. Il me reste donc 5km à porter mon vélo de 60 kg...ou de le traîner en détruisant mon pneu arrière. Il me faudra plus de 2h pour rejoindre la ville.
À ce moment-là, mon seul souhait c'est de tout arrêter. Prendre un bus vers Dar et réserver un vol pour la France...Trop c'est trop!!


















Je reste deux jours à Mafinga pour avoir les idées plus claires. Je trouve un "magasin"de vélo pour régler mon problème de roue arrière. Le problème en Tanzanie c'est que personne ne parle anglais, juste Swahili. Bref 2 heures à expliquer que le roulement arrière est cassé et qu'il faut le changer ou changer la roue pour finalement qu'il me montre que le roulement est cassé...2h de perdu!!
Finalement, le lendemain il me rend le vélo en ayant changé quelques rayons et un roulement refait à neuf...pour combien de temps, je sais pas encore!!
Je reprends ma route vers Dar. Seulement 500 km me sépare de la ville en espérant que le vélo tiendra jusque là.
Plus les jours passent, plus je reprends du plaisir sur la route, alors je préfère poursuivre plutôt que de jeter l'éponge...Après tout, jeter l'éponge n'est plus trop dans ma nature!!!









2 commentaires:

  1. never surrender... les pires moments sont en fait les meilleurs !

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    1. En tout cas s'ils sont pas les meilleurs, ils sont les plus inoubliables!!

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