dimanche 5 mai 2019

Quand la goutte d'eau devient Océan...


















Je pars de Man direction le Sud, Sassandra plus exactement. Un peu moins de 5 journées de vélo. Environ 450 km sépare les deux villes. Je prévois donc de faire 4 belles journées et une dernière courte pour arriver assez vite à Sassandra afin d'en profiter au maximun. Tout peut changer en fonction des aléas...



Je savais mon pneu arrière fragilisé par le tissu qui s'abîmait. Voulant l'amener le plus loin possible, j'ai préféré attendre le moment critique. J'étais donc préparé à le changer (j'avais un pneu de secours dans mes sacoches). Pas après 20 km !!


Atelier réparation

Ca fait deux départ que je me retrouve après quelques kms avec un pneu crevé (Bamako) et un pneu déchiré  (Man).
Je vais finir par feinter le destin...
Je décide d'une date et au dernier moment...Noooon je pars demain, peut être que ca marchera !!


Je m'arrête pour faire une pause pipi. Pendant que je fais mon business, j'aperçois un panneau juste en face, plutôt difficile à lire...


















J'ai bien choisi le moment...Et surtout l'endroit.





















Lors du second jour, j'ai le choix entre aller au village de Buyo pour profiter de son lac, le même qui s'étend jusqu'à la route que je prends (ci-dessus) ou poursuivre sur la route goudronnée. Inquiet de faire face à de gros orages, je choisi la sécurité. J'ai malgré tout profiter de ce lac.



Remake du "Seigneur des anneaux", ne sachant pas quoi faire de mon pneu, je le laisse entre de bonnes mains !! Celles des Ents !!



Un petit moment que je n'avais pas vu de rizières, un peu plus anarchique en Afrique qu'en Asie !! Toujours aussi joli malgré tout.


Les dernières que j'ai vu étaient au Vietnam, il y a deux ans maintenant  (ci-dessus).

C'est à partir de là que ça se gâte. J'ai discuté avec une amie il y a quelques jours. J'expliquais la suite de mon voyage entre Man et Sassandra disant qu'à l'échelle du voyage dans son ensemble c'était "une goutte d'eau dans l'Océan"...
Je ne savais vraiment pas ce qui m'atteindrait pour la suite.


Les orages sont rarement très long pour l'instant en Côte d'Ivoire. Par contre, le débit d'eau qui tombe pendant une ou deux heures dans la journée est monstrueux. On reçoit des seaux d'eau sur la tête.
Je commence à y être habitué, pour l'instant sous la tente.
Les deux derniers jours avant d'arriver se font sur ces pistes.

J'entends les éclairs se rapprocher. Ce qui signifie qu'il va pleuvoir....MAINTENANT !!
Je mets mon matériel électronique  (appareil photo, tablette et mp3) dans des sacs plastiques au cas où et referme du mieux possible mes sacoches  (qui sont évidemment imperméables) et poursuis ma route.

Je regrette de ne pas avoir pu prendre de photos, j'y aurai noyé mon matériel. J'ai traversé la brousse à travers des chemins transformés en torrents. Je roulais avec de l'eau parfois jusqu'aux genoux, les sacoches avant noyées dans les flaques,  j'ai bien fais de mettre mon materiel dans du plastique. 

Cette journée n'aura pas été la plus difficile. Le lendemain aura été la pire, et c'est peu de le dire...
Je démarre avec tout mes habits mouillés, chaussures également pour les 70km les plus long de ma vie...

















Je démarre vers 7h30 en me disant que début d'après-midi je devrais être tranquille à Sassandra. Vers 12h30, j'avais parcouru 25km... Un véritable enfer...
Je faisais 200m de descente à 15-16%  (estimation aléatoire mais je commence à sentir ce genre de choses) 200m de montée à 15-16% également, j'étais face à des murs de boue, un calvaire (on le voit sur l'avant derniere photo, même si c'est pas révélateur de la montée).
Après ces 25km, je sens tout mon corps meurtri, mon coeur bat à 100 000, mes jambes répondent plus et flageollent comme jamais. Les larmes me montent tant je souffre de tout mon corps. Il me reste encore 45km, je crève... 
Enfin la chambre à air me lâche comme d'habitude avec les chambres à air achetées en Afrique. Un mal pour un bien, ça me permet de me reposer le temps de la réparation.


































La veille, un homme me demande ce que je vends. Ça arrive très souvent qu'on me pose cette question, pour eux un vélo chargé l'est pour vendre de la marchandise. Mon réponse:
"Je vends du rêve !!"

J'aurai bien fais de me taire, aujourd'hui c'est plus un cauchemar qu'un rêve. L'avantage c'est qu'à un moment on se réveille...

















Le lendemain, je me réveille, ouvre la porte de ma chambre, respire profondément et profite de cette vue sur l'Océan. Je laisse derrière moi ce cauchemar pour retrouver ma réalité, celle d'un rêve éveillé.



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